Rencontre du 3° type

Il avait marché pendant des jours et des jours, ne comptant que sur sa résistance. Certains auraient pu s'étonner qu'un serviteur d'Yrotz, le Dieu de la Mort, se batte autant pour échapper à la mort. Mais ce serait ne pas avoir compris que les Ekes n'aiment se présenter devant leur Dieu qu'après être morts bravement au combat. Pas bêtement en marchant dans le désert.

Amaigri, affaibli, il persévéra, mais sa connaissance du désert était aussi faible que sa volonté était forte. Il finit donc par se lourder totalement.

Venu du Sud pour atteindre la Cité-Phare, il passa loin à l'est et finit par arriver au nord, sans même s'en rendre compte...

La planche d'Ozhne avançait lentement, alourdie par leur deux poids, mais aussi ralentie par les gestes un peu saccadé de la jeune Wol blessée.

Agh fut le premier à voir une silhouette titubant quasiment dans le désert, et il la pointa du doigt, signalant à Ozh'ne qu'il souhaitait qu'elle se dirige dans cette direction.

Il y avait un silhouette humanoïde dans les sables du désert. Ozh'ne était épuisée, franchement elle serait bien allée directement à la ville. Mais Agh lui tapota sur l'épaule et elle se sentit obligé d'obliquer vers le Wol perdu seul dans le désert et visiblement sans planche.
C'est en s'approchant qu'elle se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un Wol. Elle arrêta donc sa planche à quelques centaines de mètres et replia rapidement la voile, pour la garder hors du vent. Elle murmura à Agh.

C'est un Eke.

Les Ekes...elle ne s'en souciait guère, vivant loin de la politique et des zones où ils se trouvaient mais ils restaient l'envahisseur. Il n'était pas dans sa nature de laisser un Wol mourir accroché pour subir la ventilation mais qu'avait-elle à faire d'un Eke. Elle consulta Agh du regard. S'il voulait l'aider qu'il le fasse. pour sa part, elle ne bougerait pas la patte pour le Metêke.

Agh se gratta la mâchoire.

En même temps, je n'ai plus grand chose et lui n'a pas l'air de manquer... On pourrait sans doute se le faire. Qui se soucierait d'un Eke isolé ? T'es avec moi ?

Ozh'ne, tapit avec Agh pour être hors de vue de l'Eke, réfléchit. Vu son état elle allait devoir rester à la ville quelques décades et il lui faudrait de quoi vivre. Or à part sa planche dont elle ne se séparerait jamais et un peu de matériel de première nécessité, elle n'avait rien à monnayer. L'Eke avait l'air mal en point, fatigué, cuit par le soleil, et ils étaient deux. Agh lui paraissait en bonne forme malgré tout et elle évalua qu'ils avaient de bonne chance. et comme il avait dit, personne ne se soucierait d'un Eke perdu dans le désert. Elle hocha la tête lentement.

Humm Je suis avec toi.
Je ne suis pas en très bonne forme pour un corps à corps mais je peux t'aider.
Avec ça.

Elle se prépara rapidement, rangeant sa voile dans sac à dos et en enfilant celui ci. Elle garda la planche à roulette près d'elle et elle tira son boomerang. Il convinrent rapidement d'un plan simple, à distance, par surprise, elle pouvait l'assommer cet Eke et Agh finirait le travail. Si jamais elle ratait, ça se compliquerait ... Elle laissa le temps à Agh de se placer et quand il fut prêt, elle se releva et ajusta son boomerang pour le lancer avec force sur l'Eke.
Malheureusement le boomerang passa loin de l'Eke et Ozh'ne le réceptionna en grognant de dépit. Forcément elle était repérée mais s'il focalisait son attention sur elle, Agh pouvait encore le prendre par surprise.

Agh fit ce qu'il savait faire de mieux.

Il chargea en hurlant, mais il n'avait pas d'armes.

Apparemment, il comptait se faire l'Eke les mains nues.

*ce plan sentait décidément la défaite* se dit Ozh'ne en voyant Agh charger à mains nues

Le sifflement du boomerang me tire de ma léthargie, mode que j'adopte pour survivre. Je ne comprends pas vraiment ce qui m'arrive. Mais le cri poussé par un assaillant me réveille.

Qui est ce débile ? Suis-je victime d'une hallucination ? Qui oserait attaquer un Eke Paladin d'Yrotz... à mains nues ?

Et puis je comprends que ma vie est en jeu.

Alors j'invoque les pouvoirs d'Yrotz en tendant ma main vers cet assaillant. Je le vois hoqueter, mais cela ne réduit pas sa détermination. Il est tout juste affaibli. J'espère qu'il paiera cette faiblesse plus tard, car il est évident que cet assaillant est physiquement plus costaud et vraisemblablement plus aguerri. Sinon, pourquoi oserait-il m'attaquer à mains nues ??

Il est encore assez loin. J'ai une idée. J'abandonne ma précédent incantation, me privant d'un pouvoir plus utile quand j'ai le temps que dans cette urgence. J'invoque de nouveau les pouvoirs d'Yrotz et une faux d'argent apparaît devant l'individu, zébrant l'air. Habilement, mais au prix d'un peu de fatigue (-4 PF), il évite le coup.

Je pense qu'il comprend que je ne suis pas un simple légionnaire. Il sait donc qu'il n'y a d'autre issue entre nous que le combat à mort. Je le vois dans ses yeux très proches maintenant. Je maintiens pourtant ma concentration car c'est au moment du contact que je dois prendre l'ascendant définitivement.

Alors qu'il va m'atteindre, je cesse mon incantation et sors mon épée bâtarde. L'esprit trop occupé par moi et par cette épée, il en oublie la faux et ne fait rien contre sa dernière minute de présence. Ce piège fonctionne souvent, et celle-ci lui assène alors un coup au bras qui pénètre d'un bon centimètre. Je vois le sang gicler avant que la faux ne disparaisse (-3 PV).

Surpris, il ne parvient pas à se ressaisir et, emporté par son élan, le corps en légère torsion, il se prend les pieds dans une rose des sables affleurantes. Il roule sur lui-même, échouant totalement sa seule chance de prendre l'ascendant. Cette chute soudaine me fait perdre mon attaque, mais elle me crée aussi une nouvelle opportunité !

Il ne fait pas un bon ennemi et je suis affaibli. Je n'ai pas le temps de lui laisser l'occasion de trouver une meilleure façon de rejoindre mon Dieu. Aurait-ce été un Eke que j'aurais consenti à ce qu'il se relève pour que le combat soit digne d'Yrotz. Ce n'est qu'un de ses locaux, je n'ai donc pas à m'inquiéter de cela.

Alors qu'il tente de se redresser, j'assène le coup fatal qui lui ouvre le dos presque en deux. (-12 PV, mort immédiate). Ma lame ne s'arrête qu'après sa colonne vertébrale.

Je suis épuisé, mais loué soit Yrotz, je suis venu à bout avec une facilité déconcertante d'un adversaire qui me semblait plus coriace au départ.

Mais je n'en ai pas fini. Ce n'est pas lui qui m'a lancé ce boomerang, sinon il l'aurait refait pendant son assaut en courant. L'épée toujours sortie, je vois ses traces dans le sable.

Je les remonte, en restant aussi attentif que mon état le permet.

Ozh'ne assiste impuissante à la scène. La mort brutale de Agh et la magie déployée par l'Eke la choque. Elle reste là un moment les bras ballants, avec une violente nausée qui monte et la chienne lâche un renard. Au moins ce pauvre Agh aura-t-il eu une fin plus rapide que la Ventilation. C'est de voir le metêke se diriger dans sa direction qui lui fait reprendre pied avec l'urgence de la situation. Fébrile, elle grimpe sur sa planche et se laisse dérouler sur la faible pente en donnant de la vitesse avec sa patte.
Elle garde son boomerang à la main, s'il s'approche trop, elle essaiera de nouveau de l'assommer.
Elle ne se résout pas encore à enfiler et déployer sa voile car le harnais risque de ré ouvrir sa blessure. Elle espère mettre suffisamment de distance entre lui et elle juste avec la planche à roulette.
Mais quelle journée de merde !

La brièveté du combat ne m'a pas fatigué. Mais plusieurs jours dans le désert, si.

Je ne parviens qu'à grand-peine à remonter la dune. Effectivement, ainsi que je le pensais, il n'était pas seul. Nul doute que s'il m'avait malmené, j'aurais eu maille à partir avec plus d'un adversaire. Mais l'autre, trop couard, a préféré la fuite.

Il a de la chance, car je ne suis pas capable de courir ou de le rattraper. Mais il a laissé une belle trace.

Je suis perdu, sans savoir où aller. Ce détrousseur n'a pu fuir que vers un lieu de sécurité : je n'ai donc pas d'autre choix que de le suivre. Si en plus de m'amener à une destination me permettant de reconstituer mes forces, il pouvait même se laisser aller à un sentiment de confiance, je pourrais lui rendre la monnaie de son boomerang.

A pas pesant, je m'engage dans ces dunes, essayant de limiter mon épuisement en restant sur les lignes de crête.

Le Vent se lève soulevant les grains de sable, il va prendre de l'ampleur, la jeune Wol le sait. Mais quelle poisse indécrottable, c'est sur c'est une journée maudite ! Elle n'est plus qu'à quelques heures de la ville mais sait qu'elle n'aura pas le temps dans son état de rejoindre les abris. Il ne lui reste qu'à camper ici, en espérant se protéger au mieux et que le Souffle ne soit pas trop fort, surtout en cette région caillouteuse. Si c'est un Furvent ou un Blast, elle est bonne pour la Ventilation. Un sanglot monte en elle tellement elle est épuisée, physiquement et moralement mais il n'est plus temps de se lamenter. Ceux qui perdent leur temps à pleurer meurent. Elle ravale ses larmes. Elle plisse les yeux pour se protéger du sable et creuse, méthodiquement, aussi vite qu'elle peut. De son sac, elle sort la toile huilée de son Kit surf et la tend au dessus du trou qu'elle a fait, elle la coince du mieux qu'elle peut avec le sable et des gros cailloux, puis elle s'engouffre dans le petit espace protégé qu'elle referme avec sa planche. Il ne reste plus qu'une chose à faire, serrant contre elle son sac et la précieuse outre d'eau, elle attend en écoutant le chant du Vent.

Je suis la trace pendant deux bonnes heures, tandis que le vent se lève peu à peu. Mais ce même vent rend de plus en plus difficile de voir quoique ce soit. Même, il commence à balayer la trace !

Et enfin, je me souviens ! On m'avait prévenu pourtant que dans ce pays, le vent soufflait toujours dans le même sens, et surtout qu'il était sujet à des variations pouvant tuer un homme sur place, le sable arrachant d'abord ses vêtements puis sa peau, ne laissant parfois que les os, voire grignotant les os jusqu'à ne plus rien laisser. Une telle mort était une condamnation à l'errance éternelle pour l'âme incapable de se présenter devant Yrotz.

La fatigue, la lassitude, la perte de repères et surtout le fait de ne pas être sur des terres connues. Je m'étais laissé avoir.

J'abandonne la piste qui de toute façon disparaît et me jette derrière une dune au moment où une brusque rafale envoie des morceaux de sable dans les airs comme autant de petits dards. Je roule jusqu'en bas, puis agit comme le feraient les Ekes des Déserts. Je me couvre dans ma cape, protégeant mes mains, mais surtout mon visage, puis je me roule en boule.

Oui, la dune me protégera.


C'était sans doute vrai, mais n'ai-je pas oublié quelque chose ?

De son abri, Ozh'ne voit le vent retomber en une cascade de pluie par dessus son abri, elle regarde le plus loin possible pour ne pas sentir la claustrophobie d'être enfermée dans un trou de souris sous le sable. Soudain par delà le rideau gris, elle aperçoit une forme rouler dans le sable. L'Eke ! Roulé en boule, il se protège comme il peut du sable qui s'insinue partout, projeté inexorablement par le sable. Il n'est pas loin à peine quelques dizaines de mètres, au maximum cent. Ozh'ne hésite, s'il reste là il mourra étouffé sous la sable mais c'est un Eke et il lui faudrait sortir de son abri. Le Vent commence juste son œuvre, bientôt il soufflera plus fort et les pierres acérées se soulèveront du sol. Ozh'ne gémit, et se décide à sortir. Autant elle aurait pu le tuer tout à l'heure ou laisser Agh le faire, autant elle ne peut abandonner quelqu'un dans le Vent, fut-ce un Eke. C'est impensable pour la jeune Wol, ce serait contre ses règles. Elle bondit dans le sable, pliée en deux, poussée par le vent. Sa patte se pose un bout de la cape de l'Eke et elle tire pour le sortir de sous le sable qui commence déjà à le recouvrir. Elle hurle pour se faire entendre.

Debout !!
Debout !!!
Suis moi !

Elle tire encore non pour le lever ou le trainer, il est trop lourd mais pour le convaincre. Elle repart vers son Abri, pliée en deux contre le Vent cette fois, tache bien plus ardue cette fois, gueule fermée pour ne pas bouffer du sable. Ses pattes glissent dans le sable, mais peu à peu elle remonte la pente.

Qui est cette personne ? Je n'entends qu'une voix dans une langue que je ne maîtrise pas totalement. Je l'ai apprise, mais je ne l'ai jamais pratiquée.

Elle me tire, me fait signe et quand je me dégage, je comprends mon erreur initiale. Le vent ! La dune ! Évidemment qu'elle bougeait. Je m'étais moi-même condamner à mourir vivant, ensablé sous des tonnes de petits grains.

Quand je vois glisser la silhouette, je jette ma main et la redresse. Pliée en deux, elle me conduit dans un trou parfaitement creusé, qu'elle a protégé avec une voile.

Je me glisse à sa suite et je n'ai pas le choix. Je me sers contre elle, quasiment collé. Aurai-ce été une femelle Eke, que je l'aurais prise, mais c'était une Wol et elle ne m'excitait évidemment pas.

Parmi les bourrasques qui se faisaient de plus en plus fortes, je parvins à lui murmurer, en Wol.

-"Uchwul", merci.

Ozh'ne reste tapie dans le minuscule abri, à moitié écrasée par la masse de l'Eke, elle ne le voyait pas si gros . Elle est un peu surprise qu'il lui parle en Wol. Elle sourit de son accent bizarre. C'est la première fois qu'elle voit un Eke de si près. Habituellement comme elle se cantonne dans des trous paumés du désert, elle n'en voit jamais ou de loin. Elle lui jette un regard furtif, à la fois curieux et perplexe, comment les dieux ont-il pu faire une chose aussi laide ? Il a l'air éprouvé, mais elle se rappelle qu'avant la tempête déjà il avait l'air d'être déjà comme ça, ce qui ne l'a pas empêché de massacrer Agh. Mais qu'est-ce qui lui a prit de sauver l'Eke ? Elle a peur maintenant, mais il est trop tard pour faire marche arrière. Elle et ses maudites impulsions ! La jeune Wol décide de rester sur ses gardes mais la tempête va durer des heures, elle sait bien que vu son état d'épuisement avancé, elle va finir par piquer du nez. Elle retient un soupir et tend la gourde à l'Eke, sans oser le regarder en face.

De l'eau
Mais un peu seulement, il faut en garder pour plus tard.

Elle parle lentement et fait le geste un peu en même temps, pour être sure d'être comprise.

Un peu ? J'ai l'impression que tout mon corps est desséché, et je m'empare un peu vivement de son outre.

Je commence doucement. Je me souviens qu'il faut d'abord s'humecter, puis je vide une bonne moitié de la gourde, en laissant couler sur mon visage un peu de cette eau pas si fraîche mais dont le goût dépasse toute espérance.

Puis je rebouche l'outre et lui redonne.

En tout cas, elle est plus sympa que l'autre bâtard et que celui qui a essayé de me fumer à coup de boomerang.


Merci.

Horrifiée, Ozh'ne le regarde vider la moitié de la gourde sans rien dire. Mais ... mais... Elle récupère l'outre et la soupèse avec inquiétude. Pour la seconde fois il la remercie. Heureusement qu'ils ne sont pas loin de la ville se dit-elle pour se rassurer. Elle s'en octroie une seule gorgée à son tour, pour compenser la gloutonnerie de cet inconscient, l'eau c'est précieux. !
Dehors la tempête a atteint son paroxysme, elle ne sera pas si forte que ce qu'Ozh'ne avait craint finalement. La Jeune Wol finit par somnoler en serrant la gourde contre elle, ça lui sert d'oreiller pour la caler dans le trou dans lequel ils sont coincés. Il ne faut surtout pas penser aux crampes et douleurs musculaires du à l'immobilité forcée. Pour ça le sommeil est encore le meilleur moyen de passer le temps. Et puis elle est épuisée et il faut qu'elle reconstitue un peu de force si elle veut pouvoir manoeuvrer la planche une fois la tempête de sable passée. Elle écoute chanter le vent meurtrier qui la berce pourtant de sa musique familière.

J'ai du mal à m'endormir ou à me reposer. C'est la première fois que je peux vivre une tempête locale. On m'avait prévenu que le vent ici n'avait rien de normal, et que ce peuple en faisait tout un fromage. Mais il y avait quand même quelque chose. Je ressentais presque du plaisir à l'entendre, là, sous l'abri construit par cette femelle qui savait y faire. Je réalisais surtout que sans son intervention, je serais en train de me faire mettre en morceaux par ce qui se passait dehors.

Et puis, après plusieurs heures, les choses changèrent. Sortir me démanger, mais je n'étais pas très sur que c'était une bonne idée. Constatant que la Wol était endormie, je la secouais.

-"Réveilles-toi. Nous devoir partir, parce que vent cul-de-sac ?"

Ozh'ne se réveille en sursaut, un peu désorientée par la présence de l'Eke dans le terrier. Elle le regarde sans comprendre ce qu'il a voulu dire. Mais la tempête est finie et ils vont effectivement pouvoir repartir. Elle se tourne avec précaution changeant de position de façon à placer ses antérieurs sur la planche.Du sable les as recouvert, la toile alourdie est maintenant juste au dessus de leurs têtes. Il arrive parfois que lorsque la tempête dure trop longtemps, les gens finissent quand même ensablés. Mais pas cette fois. Elle pousse avec ses pattes sur la planche pour repousser le sable et libérer le passage . Ça tire sur sa blessure qu'elle a peur de rouvrir, elle halète.


Fais comme moi.
Pousse.

Il a de la force, à deux ils parviennent facilement à dégager le passage et enfin ils peuvent ramper à l'air libre. Un léger vent flotte, complètement inoffensif, et on a du mal à imaginer la tempête qui s'est déchainée quelques heures plus tôt. Ozh'ne aime bien ce moment où le sable s'étend vierge, nettoyée par le Vent du passage de toute trace. C'est comme débarquer dans un monde inconnu et inexploré. Mais aujourd'hui, avec la présence de l'Eke, elle ne reste pas à savourer ce moment. Elle sort la planche, la voile, et les secoue pour les nettoyer du sable. Elle replie la voile, enfile le harnais et le sac à dos. A présent elle peut rejoindre la ville.

C'est toi...

Je viens de voir le boomerang et je reconnais une chose qui présente au sol les mêmes traces que celles que j'ai suivies.

Je me déplace face à elle, épée sortie. Elle n'est pas de taille face à moi et je vois qu'elle le sait dans ses yeux. Mais elle n'a pas peur. J'aime quand on a pas peur de la mort. C'est qu'on la respecte et qu'on sait que ce n'est qu'un voyage.

Je range mon arme.

Tu as essayé de m'attaquer, n'est ce pas ? Tu étais avec celui que j'ai tué. Ton compagnon peut-être ? Mais tu m'as aussi sauvé d'une mort honteuse. Et tu as pris soin de moi, alors que je suis un Eke. Je te suis redevable de cela. Je ne te tuerais donc pas.

Il s'écarta alors, pour lui indiquer que le chemin était libre. Qu'elle était libre.

Je ne connais rien au désert et encore moins au vent. Peux-tu m'indiquer la ville la plus proche avant de partir, car je dois me reposer et trouver un guide.

Il l'a reconnue finalement et elle a cru un moment qu'il allait lui régler son compte mais finalement il range son épée au soulagement de la jeune Wol. Elle a peut-être été sauvée par une demi gourde d'eau. Lui aussi cherche la ville, sur le coup peut-être par une vague reconnaissance mal placée, elle répond

L'Oasis d'Ikøuam Suluøm est à deux heures par là.
J'y vais.
Je n'irais pas vite avec ma planche, le vent est trop faible et comme je vais devoir contrer en zigzag, tu pourras suivre sans problème en tirant droit.

Après coup elle ajouta sans trop savoir pourquoi


ce n'était pas mon compagnon.
Juste un oblique , comme moi.

Ce n'est pas vraiment comme si l'Eke l'accompagnait n'est-ce pas ? C'est juste qu'ils vont dans la même direction au même moment, c'est différent. Du moins c'est ce qu'elle se dit pour , pour quoi en fait , se justifier ?
Même si elle oblique, elle a quand même du respect pour certaines traditions et elle n'aurait pas pu le laisser se faire ensevelir sous le sable. Elle soupire, y a pas, ses pousses-sables de parents l'ont trop bien éduqués, voilà pourquoi elle ne pourra jamais faire partie d'une bande.
Elle déploie sa voile et remonte lentement en direction de la ville, roulant de gauche et de droite pour gonfler sa voile qui la tracte.

Un Oblique ?

Je m'attendais à des bandits et des voleurs. Mais elle semblait différente de l'idée que je m'en étais faite.

Je hochais la tête, puis me mit à suivre les traces qu'elle laissait dans le sable.