Nul part, personne

Les deux lunes étaient au plus bas, plongeant la nuit froide du désert dans une profonde obscurité. Les quinze étaient là, l’épaule encore douloureuse, car la Mâgie des Ekes ne s’était pas déroulée sans une intense douleur. Mais maintenant, ils étaient marqués.

Quinze Poursuiveurs pour un seul but.

Le Gouverneur les passa en revue, fixant chacun dans les yeux tandis qu’il avançait.

-« Poursuiveurs, je ne vous ferais pas l’affront de vous rappeler votre mission. Vous savez qui vous cherchez. Vous savez qui vous devez trouver. Vous savez qui vous devez tuer. Pour cela, vous avez été sélectionnés par vos pairs. Je sais que je n’ai pas devant moi quinze Poursuiveurs identiques, pâles copies les uns des autres. Non, j’ai bien quinze Poursuiveurs uniques, chacun avec ses techniques de combat, ses méthodes et son approche quant à la façon de remplir cette mission. »


Il marqua le silence et se rapprocha. Il les distinguait mal – à peine des silhouettes plus obscures que la nuit – mais il ne doutait pas qu’eux le voyait clairement.

-« Parfois, dans le silence de la nuit, à force de penser à eux, il se pourrait que vous vous interrogiez sur les raisons de cette mission. Je sais, vous êtes des Poursuiveurs et cela n’arrive jamais. Et pourtant, cela pourrait arriver. Alors, ce jour, cette nuit, où l’hésitation pourrait gagner vos cœurs, n’oubliez pas que ce que vous faites, vous le faites pour le bien de notre peuple. Cela en est une nécessité pour sa survie. Faiblissez et notre peuple dépérira. Réussissez, et il pourra connaître une nouvelle naissance. Dans tous les cas, le Peuple ne saura rien de ce que vous aurez faits. Mais je sais que vous ne faites pas cela pour la Gloire, mais pour l’honneur de la Poursuite. »


Il se tut alors, puis s’en alla alors même que des lumières lointaines annonçaient l’arrivée des Corbeaux Pourpres, sans doute les meilleurs Ekes aériens. Elle finit par arriver au-dessus de la position. Sans se regarder, les Poursuiveurs se répartirent en silence.

Les lumières furent éteintes et tout aussi silencieusement, l’escadre se sépara et chaque Drakalon gagna le point qu’on lui avait fixé.

Quand, des heures plus tard, les Ekes cherchèrent leurs passagers, ils n’en virent aucun.

Au cours de ce long voyage nocturne, ces derniers avaient disparu…