Premier voyage

<< avant 31.

Stupéfaite, Vive se pencha par-dessus la lisse, pour voir où avait disparu Djin. Elle le vit plonger dans le vide, atterrir souplement sur le sol meuble et courir vers sa planche qu’on avait préparée à quelques mètres derrière le Voldor. Puis elle vit les trépieds qui stabilisaient le navire se rétracter pour disparaitre dans la coque et bientôt les ordres fusèrent sur le pont. Le navire faisait voile !!

- Mais mais, où est-ce qu’on va ? Ils auraient pu me prévenir au moins !

Vive courut à l’avant du navire, car elle ne voulait manquer ce départ pour rien au monde. Le Voldor quittait Irkwalf Melømdra et elle était à son bord. Elle allait devenir comme tous ces gens une fréole, une vraie, une aventurière, mais surtout le meilleur fleuron de tous les temps comme Djin. Ou alors comme le lui avait dit son maître, elle serait ce que le vent déciderait de tracer pour elle.
Mais peu importait !!! Puisqu’elle allait désormais avec le vent, ou contre le vent ? Elle l’accompagnerait d’une manière ou d’une autre.

Là un vent plutôt soutenu semblait les porter vers l’avant, et Vive se régalait de chaque miette du spectacle de ce navire commençant lentement à se mouvoir dans le sable.

- C’est un choon !

Vive sursauta, et se tourna vers le Wol qui venait de lui parler. Elle arrondit les yeux en découvrant l’étrange personnage face à elle, un Wol sans âge, mais plus vieux que jeune, vieux d’après son pelage, mais jeune à l’éclat de son regard. Oui le regard, c’était un indice important. Mais que venait-il de lui dire ?

- Pardon ?

Le Wol, leva la main, fit un geste comme s’il avait caressé quelque chose, et répéta avec un sourire.

- Choooon…. Écoute, écoute sa chanson…………… il channte, il choon, regarde le soulever le sable, il n’est pas très puissant, mais il a la force de porter le Voldor.
- Ah..

Bizarrement cette annonce la laissa sans voix. Elle ne savait dire si c’était la rencontre avec ce personnage qui lui faisait cet effet, ou de découvrir le nom de ce vent, c’était un nom doux et qui oui, chantait en bouche.

- Choon, répéta-t-elle.
- C’est cela ma fille……… c’est bien !

Et il s’éloigna d’elle comme il était venu, sans faire de bruit. Vive ouvrit la gueule pour le rappeler mais, son regard tomba sur Lachard penché sur la lisse. Elle en oublia le vieux pas si vieux Wol que ça, pour s’approcher du Wol.

- Encore malade ? demanda-t-elle avec un sourire mutin. Oh tu peux y aller ici, le sable effacera toute trace de ta soirée d’hier. Alors cette discussion, ça s’est bien passé ? Tu fais aussi partie du voyage on dirait. Je l’ignorais. A vrai dire j’ignore encore beaucoup de chose.

Et avec un regard pétillant elle lui révéla comme si elle lui avait fait la plus grande révélation au monde…

- C’est mon premier voyage à bord du Voldor. En fait c’est mon premier voyage sur un vaissable. On a de la chance hein ? Et toi ? Tu as déjà voyagé sur un navire ?

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Alors que je n'ai pas vraiment de réponse, j'entends la voie familière de la Wol, dont seule la voie me rapelle maintenant quelque chose et ... rien d'autre ne me revient en tête. Dommage, c'est qu'elle a du tout de même me faire effet ? Non ?

"Ah c'est toi ? Faudra qu'on remette ca, non ?"

Puis je la regarde, la déshabille du regard...

"Je n'ai jamais voyagé à bord de ce genre de moyen de locomotion. Pas mon truc ! Moi c'est plutôt... "

MERRRRRRRDDDDDDDEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! Mon Dromadaire !! Putain on l'a laissé derrière nous ! Fais chier ! Me voilà sans monture.

"On a oublié mon dromadaire ! C'est bien ce que je pensais, on m'a kidnappé !"

Lachard commence à tourner la tete, à chercher un truc... une chose... il regarde à droite à gauche...

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"Ah c'est toi ? Faudra qu'on remette ca, non ?"

Vive cligne des yeux, bouche bée, remettre ça ? De quoi parle-t-il ? AAAah oui ça lui revient, il parle de ce qu’elle lui a laissé croire. Bizarrement cette demande provoque un petit frisson dans tout son corps, mais il ne lui laisse pas le temps de s’attarder sur la proposition, car Lachard semble soudain se rappeler qu’il a oublié quelque chose.

- "On a oublié mon dromadaire ! C'est bien ce que je pensais, on m'a kidnappé !"
- Ton dromadaire ?

La mine de la Wol vaut le détour. De la stupéfaction elle passe à l’amusement et tandis qu’elle éclate de rire, un rire qui pétille joyeusement dans ses yeux, elle suit Lachard sur le pont.

- Mouahhaaha, Tu as perdu ton dromadaire…hum… tu veux qu’on lance un avis de recherche ? *gloussement étranglé* Tu pense que tu vas le trouver ici ?

Elle rit encore, il est vraiment drôle ce Lachard. A présent c’est pratiquement en dansant d’un pied sur l’autre qu’elle l’accompagne dans ses pas, devant lui, de côté, de l’autre côté, comme un moustique qui tourne autour de sa victime.

- Et si tu l’appelles, tu crois qu’il arrivera à nous suivre ?

Elle lèche alors son doigt et le tend face au vent.

- Hmmm… va falloir qu’il mette l’aéroturbo pour nous rattraper dans ce cas.

Elle se penche à son tour par-dessus la lisse, mais c’est Lachard qu’elle regarde, tout sourire.

- Tu l’aimais tant que ça ce dromadaire ? Allez …*pose sa main sur son bras*… un perdu, dix de retrouvé !

Sourire éclatant.

…..

Entretemps, dans le carré des officiers, les capitaines s’entretenaient avec Théléo et Galante, aéromaître et géologue de l’escadre d’or. Ils discutaient du chemin à prendre, un chemin qui devait les mener à travers Mouf Ululaf le désert de sel, dans des zones des plus inhospitalières et donc chacun avait fort à dire puisque les connaissances de tous seraient mises à contributions. Quand chacun eut dit ce qu’il avait à dire, Dragmond et Rawel poursuivirent seuls la conversation, congédiant de même que les autres, la jeune Grisha.

- Quand est-ce que tu comptes en parler avec elle?
- Je ne sais pas, je me dis qu’il faut lui laisser du temps. Et puis elle semble bien s’entendre avec ce Lachard, peut-être que grâce à elle, nous en apprendrons plus.
- Dans ce cas il faudrait peut-être lui dire ce qu’on attend d’elle ? Et lui demander donc ce qu’elle sait elle-même.
- Oui, tu as raison. Nous la convierons à partager notre table ce midi.
- Et Lachard ?
- Il faudrait le tenir le plus occupé possible. Je me demande encore si nous avons eu raison de l’emmener.
- En effet mais c’est mieux de l’avoir avec nous, ça nous permettra de l’avoir à l’œil en attendant d’en savoir plus, et puis si vraiment il y a plusieurs oasis où nous pourrons le laisser poursuivre son propre chemin.

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Je n'y crois pas, c'est qu'elle se fou de ma gueule ! Elle rigole, souris, joue avec les mots. Quant à moi, je tentais de trouver un moyen de stopper ce fichue navire. C'est qu'il est rapide, lourd et je ne vois vraiment rien qui pourrait m'aider.

"…*pose sa main sur son bras*… "

Au moment où elle me touche le bras, je vois rouge ! Je l'agrippe pour aller la coller contre un mat, non loin de là, 2 à 3 mètres à tout casser...

"Toi tu vas arrêter tes conneries !"

Vive ne se laissa nullement démonter par la réaction du Wol. Bien sûr qu’à l’asticoter ainsi, vu qu’il semblait déjà nager en plein désarroi, du moins c’était la vision de Vive, elle n’avait fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Elle ne lutta ni ne se débattit tandis que derrière eux, Brorst avait bondit depuis la première grande vergue jusque sur le pont. Au lieu de quoi elle sourit, un petit sourire timide.

-désolée, dit-elle d’une toute petite voix. Je ne voulais pas t’être désagréable… je me dis que parfois dans la vie, il faut préférer le sourire aux larmes et tu semblais vraiment désemparé….. Mais si je peux t’aider, dis-moi….. Si tu veux que je te laisse tranquille, je le ferai..

Elle agita un peu ses bottes dans le vide….

- Tu voudrais bien me lâcher s’il te plaît ? Je préfère tenir debout par mes propres moyens.

Un grognement sourd accompagna cette aimable demande, c’était Brorst qui n’appréciait pas du tout les manières du nouveau.

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-désolée, dit-elle d’une toute petite voix. Je ne voulais pas t’être désagréable… je me dis que parfois dans la vie, il faut préférer le sourire aux larmes et tu semblais vraiment désemparé….. Mais si je peux t’aider, dis-moi….. Si tu veux que je te laisse tranquille, je le ferai..

Elle agita un peu ses bottes dans le vide….

- Tu voudrais bien me lâcher s’il te plaît ? Je préfère tenir debout par mes propres moyens.


Désolée ? Mais qu'est ce que j'en ai à foutre moi !

"Tu commences sérieusement à me prendre le museau jeune Wol ! Tu voltiges, tu te moques et tu prends tout par dessus la patte ! Les larmes et le sourire... tu y connais que'dal ! Tu as quel age ? Combien d'ennemi ou d'ami as tu tué ? Fais souffrir ou torturer ? Combien de fois as tu frollé la mort ? Es tu passés pour morte, et que les charognard sont venus commencer à te bouffer alors que tu respires encore ?"

Appuyant un peu plus fort la jeune Wol contre le mat, le regard haineux

"HEIN ! Dis moi ! Dis moi si tu rigolerais dans ses moments là !"

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Vive changea alors radicalement d’expression et son regard s’assombrit. Il venait de marquer un point car certes, Vive n’avait pas encore eu trop à se frotter à des drames, des combats, ou toute autre chose qui laisse des marques et modifie votre comportement en conséquence. Mais elle trouvait malgré tout sa réaction disproportionnée et injuste. Elle savait que sa vivacité pouvait énerver, que ses plaisanteries pouvaient être mal interprétées, mais voilà elle s’était excusée, car ses intentions n’étaient pas de blesser, contrairement à lui, lui qui là, la traitait comme une stupide Wol et Vive n’était pas stupide… oui bon inexpérimentée, et alors ?

En jouant à ce jeu de celui qui avait vécu plus de choses qu’elle, il venait de trouver la faille à sa bonne humeur. Vive était à présent vexée, voir fâchée. D’un mouvement du bassin et des épaules, elle se dégagea tout en lui mordant la main en guise d’avertissement, et bondit à plusieurs mètres de là, alors que Brorst n’avait pas eu le temps de bouger le petit doigt. Elle n’était peut-être pas très costaude, mais des plus agiles.

A présent sur ses gardes, elle s’attendait bien sûr à un retour de manivelle. La morsure n’avait pas du lui plaire, mais il l’avait bien cherchée en entrant dans son cercle personnel. Sur la défensive, elle l’observait, parée à bondir au moindre signe d’attaque.

- Et alors ?? Il faut avoir tué des gens, trahi des amis, ou que sais-je, avoir de nombreux rêvs à son compteur pour oublier d’être aimable avec les gens qui le sont avec toi ?? Et bien je préfère être jeune et inexpérimentée, mais savoir prendre les choses par-dessus la patte, plutôt que de ressembler à un vieux grognard dans ton genre.

Elle s’apprêtait à faire demi-tour ayant des choses bien plus intéressantes à faire, mais ajouta encore.

- Et ton dromadaire, j’espère qu’il se fasse bouffer par les Choukrass… (petit mélange improvisé de choucas, oiseaux noirs très voraces et volant en bandes et d’autre chose )

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Elle est d'une rapidité et d'une telle agilité que la voilà en quelques secondes à quelques mètres de moi, et elle n'a pas oublié de marquer ce moment d'un coup de croc ! La douleur que j'ai ressenti attise ma colère et cette fichue Wol possède sans doute de très bonnes qualités, que je sous-estimais jusqu'à présent.

Et dans mon cerveau, germe l'idée qu'avec une si bonne agilité, ca a du etre sacrément chaud hier soir ! Elle a du vraiment être sacrément imaginative... Si je me souvenais seulement !!! J'aurais pu peut etre anticiper.

Je la regarde froidement (sans air coquin !), et mes babines remuent, je parle à voie basse tout en la fixant.

"De vie à trépas, et de trépas à la vie, en ce moment et cet instant, je t'invoque ombre de la nuit."

Mon regard ne se détache pas de ses yeux, je la fixe... toujours...

Mais il ne semble rien se produire...

(HRP : Vivacia a entendu les paroles, mais ne leur attribue pas plus de sens que cela, n'ayant aucune connaissance en matière de Foi. C'est seulement si elle les rapportait à un prêtre ou équivalent que ce dernier saurait ce qu'a tenté Lachard).

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Vive l’entendit marmonner quelque chose, une sorte d’étrange prière, ou peut-être était-ce une malédiction, mais ignorant la véritable signification de ces paroles, elle haussa les épaules, émit un pfeuh dédaigneux, puis se dirigea vers la proue, elle espérait apercevoir l’escadre des chars à voile, et leurs ballets de planches à l’œuvre, comme lorsqu'elle les avait aperçu la première fois.

Et afin de pouvoir les observer en toute tranquillité, elle grimpa au mât de misaine, et alla s’assoir en équilibre sur la première grande vergue. Ainsi elle le verrait venir si Lachard avait envie de venir l’ennuyer jusque là.

Et tandis qu’elle s’installait, Terkan non loin de la scène, avait parfaitement entendu l’incantation et observait le Wol. Il n’avait pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec la nouvelle, mais la présence de ce Wol à bord ne lui plaisait pas du tout et moins encore le fait de lancer des sorts sur des membres de l’équipage.

Quant à Brorst qui n’y entendait rien à la Foa, il se contenta de serrer les poings, toujours menaçant face au Wol.

- Tu ferais mieux de la laisser tranquille, si tu veux poursuivre ta route à bord du Voldor. Nous avons un sens de l’hospitalité assez développé, mais pas au point de laisser un étranger s’en prendre à l’une des nôtres.

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Elle s'en est allée, bien trop inaccessible pour que je tente d'avantage. Le temps sera une arme pour moi. La colère encore là, le vaissable s'en allant de plus en plus loin, mon dromadaire est perdu, ou me coutera une fortune à récupérer !! Donc il est mort pour moi.

Alors que faire ? Rester avec eux ? Demander à descendre ?

C'est là qu'un membre de l'équipage m'accoste

"Tu ferais mieux de la laisser tranquille, si tu veux poursuivre ta route à bord du Voldor. Nous avons un sens de l’hospitalité assez développé, mais pas au point de laisser un étranger s’en prendre à l’une des nôtres."

Qu'est ce qu'il me dit ? Il me mets en garde, justifié, certes. Ici, seul contre tous ? La vérité est bien celle là.

Pour seul réponse, je ne vois qu'une chose à dire.

"Qui es tu ?"

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"Range tes crocs. Ton nom est sans doute inutile à retenir finalement... Brorst ? Mouais... on fera peut etre l'effort. Et en ce qui concerne de ne pas taper sur les filles, c'est juste ta notion du bien et du mal. Si on me cherche, on me trouve...

Et en plus, elle se débrouille très bien ta femelle, celle que tu souhaites protéger."

Je croise les bras et garde un air je m'en foutiste.

Sa femelle ? Brorst haussa les épaules.
- Ouais elle se débrouille bien, mais pas encore assez bien pour qu’on puisse lui chercher des ennuis. Et puis ça s’fait pas quand on débarque à bord ! Et puis c’est pas ma femelle, elle fait partie d’l’équipage c’est tout !

Terkan observait de loin, accoudé au pavois (barrière du navire). L’invité semblait plutôt du genre bagarreur et face à Brorst, il y’avait des chances que cela tourne au règlement de compte. Mais si l’autre s’amusait encore à faire des tours de passe passe, il interviendrait.
Sauf que c’est le moment ou l’amiral Lars’kin monta la descente (escaliers du navire) pour gagner le pont et s’approcha aussitôt du nouveau. Il sentit en observant l’un et l’autre qu’il y avait un soucis entre ces deux là.

- Brorst tout va bien ?

Brorst lança un regard de défi au nouveau, mais ne moufta pas.

- Ouais, ça roule ! Bon j’ai du travail. Mon capitaine, salua-t-il avant de se retirer pour rejoindre Vivacia.

Lars’kin se tourna vers Lachard, bras croisés dans son dos, dans cette attitude un peu militaire qu’il affectait.

- Nous avons plusieurs jours de voyage devant nous avant d’atteindre le prochain port. En attendant, je voulais voir avec vous, si une visite du navire vous tente, je pensais que comme vous connaissez Vivacia, elle pourrait s’en occuper. Sauf si vous préférez voir quelques cartes avec moi, et nous pourrions mettre à profit chacun nos connaissances de ce monde. Vous avez sans doute déjà voyagé auparavant ? A vrai dire nous ne savons pas grand-chose sur vous..

Rawel Larsk’in se montrait aimable comme toujours et curieux. Ils avaient un invité à leur bord, il comptait bien profiter de quelques discussions.
Dans son dos, Terkan rejoignit à la poupe (arrière) le commandant Krôn qui discutait avec le timonier.

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La cohésion d'un équipage et la soumission à leur Capitaine... voilà ce qu'est donc la nature des Wols qui vivent en groupe ou sous une hiérarchie établie ? Cela me donne envie de vomir. Mais ne pas sous estimer également cette force. Brorst s'en va, sans dire un mot sur notre altercation. Rancune ou vengeance pour plus tard ? Ou oublie t il rapidement pour s'occuper de ses tâches à bord ?

Le Capitaine me propose une porte de sortie, sans jugment ou du moins pour calmer les esprits.

"Soit alons y !"

Rawel entraîna donc Lachard à sa suite, menant une longue et passionnante discussion sur les différents ports qui pouvaient accueillir le Voldor et son escadre, sur les voies marchandes et un tas d’autres détails géographiques intéressants. La route qu’ils prirent ne lui fut pas de suite révélée. Les fréoles même si très instables dans leurs mœurs, n’en demeuraient pas moins prudents, particulièrement avec cet invité.

Aussi apprit-il, et cela quelques jours à peine avant de parvenir à Kulwul Dun qu’ils allaient y faire une escale. Ils avaient emprunté jusque là une route commune et commerciale assez courante, traçant pratiquement en ligne droite depuis le Wor’melnar. Et ils avaient eu beaucoup de chance, rencontrant que peu d’obstacles, pas de pilleurs, et un vent très soutenu qui leur permis de parcourir cette distance en un temps record à la plus grande fierté de Dragmond.

Parvenus à quelques miles des abords de la grande faille, le commandant ordonna les manœuvres d’approche. Il fallait réduire la voilure importante sous ce vent, peu à peu pour permettre au Voldor d’atteindre en temps voulu, le point souhaité, l’objectif de ce voyage qui n’était autre que le port d’encrage pour tous les vaissairs, vaissables et autres transports plus ou moins volumineux de ce monde.

Ce jour là, le port ne comptait qu’une vingtaine de vaisseaux, la plupart des transports Eke, deux drakalons, et surtout, ce que les deux capitaines remarquèrent aussitôt, le fameux frégalice de l’Amiral Eke. Le reste n’était constitué que de transporteurs marchands de très moindre envergure.

- Et bien nous allons voir quel accueil on va nous réserver.
- Ouais, le temps de remplir les cales, refaire les réserves et on met les voiles, fait pas bon traîner ici, et moins encore avec ce verdeux dans le coin.
- Peut-être y apprendrons-nous quelque chose d’intéressant ?

Dragmond dévisagea Rawel l’air sceptique, puis se tourna à nouveau vers le frégalice.

- Va falloir surtout se méfier des espions d’Akturekk.
- C’est certain, le Braw a un œil sur tout ce qui se passe ici. Et d’après ce qu’on sait…
- Il va falloir taire tout ce qu’on sait, personne ne doit même prononcer le nom de la Horde à partir du moment que nous aurons posé un pied à terre.
- Assurément. Mais chacun sait ce qu’il en est.

Et là Dragmond tourna la tête vers Vive qui venait d’apparaître sur le pont, en compagnie de Djin.

- Sauf elle, et sauf Lachard.
- Que savent-ils ? pas grand-chose ?
- Hmm on n’en sait rien au fond, ce Lachard n’a rien laissé passer depuis qu’il est à bord et la jeune Wol, …
.
Il plissa les yeux, lèvre légèrement retroussée dans un air dédaigneux.

- Elle parle trop. Il serait peut-être plus prudent qu’elle reste à bord.

Rawel rit :

- Tu plaisantes ? Elle ne tient pas en place, et puis si nous lui interdisions de descendre à terre, c’est à coup sûr le moyen d’éveiller sa curiosité et là oui nous pourrions avoir des problèmes.

Dragmond renifla :

- Mouais…. Une véritable fouineuse celle-là.

Rawel dévisagea son confrère, il avait bien senti dès le départ que le commandant n’était pas du tout favorable à la présence de la jeune wol, il en devinait la raison. La lettre de Dame Alminar’han pour influencer leur choix de l’embarquer à leur bord, ne lui avait pas convenu, et puis il détestait les palatins… Pour lui, Vive n’en était qu’une de plus, guidée par son caprice de vouloir découvrir le monde. Toutefois, par égard pour la Dame que tous deux appréciaient pour sa générosité et l’aide qu’elle leur avait régulièrement apportée, ils avaient accepté, et Rawel ne le regrettait pas.

- Djin veillera sur elle, ne nous inquiétons pas inutilement, et puis peut-être qu’avec son insatiable curiosité, elle pourrait nous être utile ?

Voyant le regard que Dragmond lui adressa, Rawel ravala son sourire et n’essaya pas plus d’argumenter cette théorie. Mais il avait confiance, il ne savait l’expliquer pourquoi, mais c’était ainsi.

36.

Vive bondit sur le pont dans un éclat de rire, saisissant au vol, la planche que Djin lui avait offerte, depuis qu’elle s’était mise en tête d’apprendre à les utiliser. Dès le premier jour, elle avait admiré la dextérité de ces as du vent, de ces voleurs de vent avait-elle envie de dire, tant ils savaient comment planer avec ou contre le vent, tant ils savaient se jouer de la force de gravité, utilisant le moindre souffle pour monter ou descendre, pour virer ou virevolter, fétus de pailles que le vent semblait faire danser. Et la question demeurait à chaque fois, qui domptait l’autre ?

Ainsi ces derniers jours, échappant aux corvées de Brorst, elle avait appris comme eux à chevaucher le vent, s’enivrant de la moindre volte, du moindre souffle, apprivoisant le mouvement comme le lui avait montré Djin. Djin qui avait été stupéfait de la vitesse à laquelle elle avait maîtrisé sa planche, même si à son goût pour ne pas changer, elle prenait toujours trop de risque. Comme à présent où elle venait de sauter de sa planche, à hauteur du pont, ce qui n’était pas du tout règlementaire.

Dans une dernière course, il s’était laissé distancer, l’espace d’un souffle et quand il avait trouvé la vague de vent pour la dépasser, elle s’était échappée dans un tourbillon, remontant à une vitesse vertigineuse vers le Voldor. Il gronda tout bas, atterrissant avec les autres, à quelques encablures en amont du Voldor. Après avoir donné quelques ordres à l’escadre, il se hissa très vite à une échelle de corde pour rejoindre Vive dans la ferme intention de la sermonner.

Il la repéra s’époussetant son manteau avec un air satisfait et fonça droit sur elle :

- Vive !
- Ahhh te voilà ! Tu en as mis du temps à arriver, lui fit-elle avec un sourire étincelant qui fit ciller les résolutions de Djin.
- Ce n’était pas ce qu’on avait prévu ! Tu n’avais pas le droit de…
- Le droit ? tu ne m’as pas dit que je ne pouvais pas prendre un raccourci, lui dit-elle avec ce même air provocateur qu’il commençait à bien lui connaître. Il gronda.
- En effet, l’erreur m’en incombe donc, mais il va falloir te faire entrer très vite dans ta caboche de tête de mule que tu ne peux pas toujours arranger les choses suivant ton bon plaisir !

Vive résista à l’envie de lui tirer la langue à ce rabat-joie, mais c’est le moment que choisit l’amiral Lars’kin pour les interrompre.

- Tout va bien Djin ?

Comme pris en faute, Djin serra les mâchoires et marmonna un oui, mon capitaine. Mais l’amiral n’était pas dupe, toutefois il prit le parti d’ignorer le détail pour s’entretenir avec Djin, l’entraînant loin de portée des oreilles de Vive qui se mit à bouder. C’était agaçant cette manie qu’ils avaient de lui faire des cachoteries. Ils n’avaient donc toujours pas confiance en elle. Il lui faudrait un jour ou l’autre trouver le moyen de leur faire comprendre que désormais elle faisait partie des leurs que cela leur plaise ou non !

Elle ignora donc leurs messes-basses pour se diriger vers Lachard. Elle ne lui tenait déjà plus rigueur de ce premier matin à bord, n'étant pas rancunière. L’annonce des manœuvres avait attiré du monde sur le pont, entre les gabiers qui s’activaient, et les wols sur le pont, entre les enfants et les curieux, il y avait foule c’est sûr.

- Hola, alors on s’ennuie ?

Puis elle regarda la faille au loin, il lui tardait d’aller l’explorer, car pour elle, cela allait de soit.

- Tu es déjà venu ici avant ?

Et avant même qu’il ne réponde, elle prit un air rêveur pour ajouter :

- Moi jamais…. Mais on dit qu’autrefois la reine blanche vivait ici et que ce sont ces affreux ekes qui l’ont chassée pour s’installer dans son palais. Tu penses aller visiter toi aussi ?

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Le trajet fut long, mais sans encombre. Et j'ai su trouver ma place : silencieux et sans chercher la bagarre. Et en parlant de ca, voilà Vive qui revient, celle qui a su me mettre en rogne au début du trajet, elle revient lors de notre escale.

Visiter ? Quoi, on fait les touristes maintenant ?

"Non jeune Wol, visiter ne sera pas le bon mot. J'ai à faire, oui, mais pas pour me ballader et admirer le paysage ou les batiments."

Je regarde le paysage néanmoins, pour voir un peu l'ambiance générale. Je m'attarde sur les troupes Ekes présentes et aussi sur les marchands du port. A la recherche de mouvement étrange ou bien des attitudes louches. En fait, tout ce qui pourrait éveiller ma curiosité "mal placée". Je ne vois pas forcément bien d'où je suis, mais je prends la température.

[Perception ? D(20)=10 + 4 -> 14]

Puis je reviens au bavardage avec une phrase rempli de poésie :

"Quant à la reine blanche, je me torche avec sa robe."

37.

Vive plissa les yeux, retenant à grand peine un retroussement de babine.

- Rabat-joie ! marmonna-t-elle entre ses crocs avant de lui tourner le dos et de se diriger vers Brorst.

Ce Lachard pouvait bien aller se balader et tout seul, Vive n’en avait cure. Et désormais, elle ne ferait plus d’effort. A quoi bon ? vu l’amabilité du personnage, qu’il aille se faire cuir un œuf sur le sable du désert. Rah voilà elle était énervée ! Queue battant l’air de colère, elle s’approcha de Brorst.

- Alors Vive, tu as encore été te frotter à ce chameau ?

La plaisanterie était à la mode en ce moment, depuis que Vive avait raconté les malheurs de Lachard qui avait perdu son dromadaire pour le plus grand plaisir de son auditoire. On en était venu à comparer son caractère à celui de l’animal et les plaisanteries fusaient, dès que le Wol avait tourné le dos. Après tout, à bord du Voldor, les capitaines n’aimaient pas voir des échauffourées. Mais bon, la plaisanterie elle était des plus recommandées, surtout menée par le nouveau troubadour du bord.

- Tss nan… cette fois, monsieur va devoir se débrouiller tout seul, avec ou sans dromadaire.

Elle échangea rapidement un clin d’œil avec Brorst, avant d’entamer la conversation qui l’intéressait, l’air de rien.

- Des courses à faire ?
- Ah ben ça, j’sais pas, pour ma part, c’est tout bon. P’t’être que l’capitaines voudront faire le plein de frêt, pour pas voyager les calles vides. Pas bon pour l’commerce ça.
- ah ? et tu sais ce qu’ils comptent transporter comme marchandise ?
- boah ça dépend, t’sais moi chuis pas spécialiste. Par contre dès qu’j’ai b’soin d’un truc, j’peux l’obtenir rapidos, toujours !
- hmm…. Et pas de virée prévue ce soir ?
- nan, c’est rempli d’verdeux dans l’coin et j’peux pas les flairer !!J’préfère encore rester d’quart à bord.

Vive soupira, elle aurait bien tenté de descendre seule mais elle savait quand même où se situaient ses limites et les risques qu’elle pouvait prendre. Elle ne connaissait pas du tout la région, il lui faudrait donc accompagner des Wols de l’équipage. Et pour l’instant donc, les seuls qui se rendaient à terre, étaient les capitaines. Ou Djin peut-être ? Oui mais lui, il allait encore lui rabattre les oreilles avec la prudence par ci, et la prudence par là !
Il ne lui restait plus qu’à tenter le coup avec les capitaines… Quels arguments pourrait-elle tenter pour les convaincre ?... Elle allait réfléchir à la question.

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Je décidais de descendre, pour aller voir la terre ferme et prendre contact avec la population locale. Eke et Wol... voilà qui est intéressant. Allons flairer un peu tout ce mélange.


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38.

Vive n’y tint plus et s’avança en direction des deux capitaines qui discutaient sur le pont, faisant des gestes en direction de la faille.

- Capitaine ? Vous allez descendre ?
- Non moi je vais rester à bord mais le commandant va descendre à terre oui.

Vive coula un regard en direction du commandant Kron. Un regard qui n’osait véritablement croiser le sien, et pourtant, elle avait envie d’aller visiter cette faille, et s’il était le seul à descendre avec Lachard, il fallait bien qu’elle se lance.

- Puis-je vous accompagner ?

Silence, Dragmond de toute évidence ne voulait pas mais, il n’avait pas oublié leur conversation avec Rawel, et c’est un oui murmuré du bout des lèvres qu’il accepta.

- Je dois aller voir un client, j’espère que tu sauras te tenir tranquille pendant ce temps.
- Moi ? oui bien sûr ! répondit Vive avec un large sourire, se retenant de sautiller sur place. Il avait accepté.
- Djin nous accompagnera lui aussi.

Voyant le fleuron de l’escadre venir dans leur direction, il hocha la tête. Ils pouvaient descendre.

- S’il y a un souci, Rawel, tu sais où je suis.

L’amiral hocha la tête, et sourit à Vive qui trottina derrière Dragmond. Il était content pour elle mais en même temps, il avait quand même quelques craintes quand à cette sortie avec le commandant qui était tout de même bien moins conciliant que lui. Il ne restait plus qu’à espérer qu’elle ne ferait pas de bêtises.

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